LUMIÈRE SUR UN SIÈCLE DE COMBAT
Depuis 2002, le 12 juin est la Journée mondiale contre le travail des enfants mise en place par l’Organisation internationale du Travail (OIT). Il s’agit de mobiliser gouvernements, acteurs du monde du travail et société civile autour de la question de la situation de millions d’enfants travailleurs dans le monde. Cette année, l’objectif est de tirer les enseignements d’un siècle de lutte, mais aussi de se tourner vers les défis et les perspectives à venir.
Une occasion pour Terre de Hommes France de revenir sur cet enjeu majeur des droits humains loin d’être résolu en 2019.
QU’EST-CE QUE LE TRAVAIL DES ENFANTS ?
Au niveau international, le travail infantile est défini comme un travail dangereux pour la santé et le développement de l’enfant. Il s’agit de tâches trop longues effectuées par des enfants trop jeunes. De plus, dans la pratique, le travail des enfants est généralement incompatible avec le respect du droit des enfants à l’éducation.
Partout, des enfants sont engagés dans des formes de travail qui ne leur portent pas préjudice. Mais, souvent, les travailleurs sont trop jeunes, impliqués dans des activités dangereuses pouvant compromettre leur développement.
Selon les organisations internationales spécialisées comme l’OIT ou l’UNICEF, dans les pays les plus pauvres du monde 1 enfant sur 4 est contraint de travailler. Cela concerne notamment l’Afrique Sub-saharienne ou la prévalence du travail des enfants est la plus élevée au monde.
UN ENJEU ENCADRE PAR LE DROIT INTERNATIONAL DEPUIS 100 ANS
Cette année, la Journée Internationale contre le travail des enfants est célébrée dans le cadre des 100 ans de la Constitution de l’OIT. Dès 1919, la communauté internationale s’engageait à protéger les enfants de l’exploitation laborieuse. Depuis, le travail infantile est régie par plusieurs autres grands textes juridiques internationaux.
En 1973, la Convention n°138 fixe l’âge minimum pour un travail susceptible de compromettre la santé, la sécurité ou la moralité à de 18 ans.
L’adoption en 1989 de la Convention Internationale sur les Droits de l’Enfant va viser, entre autre, la protection des enfants de l’exploitation économique mettant en danger leur santé. La promotion du droit à l’éducation pour tous est un autre volet complémentaire.
Finalement, en 1999, l’OIT s’attaque aux pires formes de travail des enfants. Cela concerne les formes d’esclavage moderne (traite d’enfants, travail forcé ou enrôlement d’enfants-soldats). On interdit également l’utilisation d’un enfant à des fins de prostitution, de pornographie ou d’activités illicites (production et le trafic de stupéfiants).
Plus récemment, en 2015, la mise en place des Objectifs de Développement Durables s’emparent également de cet enjeu. L’objectif 8,7 qui vise la fin de tout travail infantile d’ici 2025 est particulièrement important. Les objectifs 5 (protection de l’exploitation économique des jeunes filles) ou 16 (lutte contre les abus, violences et exploitation des enfants) sont aussi des lignes directrices au cœur de l’engagement des acteurs de la protection de l’enfance et de la promotion des droits humains.
DES CHIFFRES QUI SOULIGNENT LE BESOIN URGENT D’AGIR
Malgré ces garanties juridiques largement adoptées à travers le globe, les résultats sont loin d’être satisfaisants.
On note depuis 2000 une évolution à la baisse du nombre d’enfants de 5 à 17 ans contraints de travailler. Mais, en 2019, l’UNICEF fait état de 168 millions d’enfants concernés.
Pour certains observateurs, cette situation s’apparente à des cas d’esclavage moderne puisque 75 millions d’entre eux ne sont pas rémunérés. Pour plus de 73 millions de mineurs, le travail effectué quotidiennement est dangereux. Il met en danger leur santé, leur sécurité, leur développement moral et, dans des cas extrêmes, leur vie.
Selon l’organisation, 70 % des travaux réalisés par des enfants ont lieu dans le secteur agricole. La majorité des enfants travaillant vivent donc en zones rurales et plus de la moitié sont des garçons, souvent parmi les plus pauvres.
En fin de compte, plus de 36 millions d’enfants de 5 à 14 ans qui travaillent sont totalement exclus du système éducatif.
PEROU, INDE, THAILANDE… QU’EN EST-IL DANS LES PAYS OU TDHF AGIT ?
Si sur le continent américain, l’OIT souligne que 5,3 % des enfants travaillent, en Amérique centrale et du Sud, ces pourcentages sont souvent plus élevés. Dans les pays où TDHF est actif et lutte pour les droits des enfants et des jeunes, les chiffres du travail infantile sont plus hauts que la moyenne du continent.
En Colombie par exemple, 9,7 % des mineurs travaillent. Au Guatemala, ce sont 25,8 % des enfants qui sont concernés. Dans ces deux cas, il s’agit pour la majorité de jeunes garçons vivant en zone rurale.
Au Pérou, les données sont encore plus parlantes : les évaluations les plus récentes parlent de 33,5 % contraints de travailler. Ce chiffre passe à 36 % si l’on étudie juste la situation des filles péruviennes.
De même, selon l’OIT, 7,4 % des enfants asiatiques sont impliqués dans le travail infantile. Regardons ce qu’il en est dans les pays où TDFH agit.
En Inde, 11,8 % des enfants travaillent. Cela concerne autant les filles que les garçons. Notons que la grande majorité d’entre eux vient de familles parmi les plus pauvres du pays.
En Birmanie et en Thaïlande, les chiffres les plus récents de l’UNICEF affirment que 9 % des mineurs se livrent à une activité économique. Pour autant, il est important de noter que dans cette région de nombreux enfants vivent dans des camps ou sur les routes de l’exil dans des conditions précaires. Les autorités sous-estiment fortement la taille de ces populations. Il semble alors probable que les chiffres du travail infantile ne représentent qu’une partie de la réalité.
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