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  • Terre des Hommes France

Tribune : « Citoyens du monde, mobilisons-nous pour faire payer les pollueurs »

Dernière mise à jour : 21 nov. 2023

Aux côtés de plusieurs ONG, Terre des Hommes France appelle à rejoindre la mobilisation mondiale Power Up afin de faire reconnaître les responsabilités des grands pollueurs dans la crise climatique, et accélérer une transition juste. La Tribune est parue le 31 octobre sur le média Reporterre. Les 3 et 4 novembre dernier, des mobilisations Tax N'Roll ont eu lieu en France et en Belgique pour appuyer la mobilisation.



Du 3 novembre jusqu’à la clôture de la Conférence des Nations unies sur le climat (la COP 28), le 12 décembre, Power up rallie des activistes et groupes de la société civile pour des actions aux quatre coins du globe. Le but : demander aux gouvernements de mettre les principaux responsables de la crise climatique à contribution, pour accélérer l’émergence d’un système énergétique juste et équitable.


Plusieurs actions ont lieu en France, à l'image de la parade lumineuse en vélo, rollers et skateboard qui a rallié le siège de TotalÉnergies à la place Vauban, proche de l’Assemblée nationale, à Paris, le vendredi 3 novembre dans la soirée.* Car le financement de la transition écologique nécessite des investissements énormes : rénovation thermique des bâtiments, développement des énergies renouvelables, des infrastructures de transports en commun, de l’agroécologie, sans parler de nos devoirs de solidarité internationale…


Des budgets en dessous des besoins


Le rapport de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz, remis au gouvernement en mai, en évalue le coût à 66 milliards d’euros annuels — dont 48 milliards d’euros par an pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liés au bâtiment. Le budget de 40 milliards d’euros prévu par le gouvernement dans le cadre de la loi de finances 2024 reste donc bien en dessous des besoins requis.


Pour atteindre nos objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici à 2030, il nous faut donc des moyens plus importants. Ils existent. Il suffit d’aller les chercher directement où ils se trouvent : dans les poches des pollueurs.


TotalÉnergies vient d’annoncer 6,7 milliards de dollars (6,3 milliards d’euros) de bénéfices réalisés au troisième trimestre 2023, avec une production d’hydrocarbures en hausse de 5 %, et un taux de redistribution aux actionnaires en hausse de 7,5 % par rapport à 2022.


Cette hausse des dividendes pour les actionnaires est indécente quand le prix de l’essence et les factures d’énergie restent élevés pour les Françaises et Français à l’approche de l’hiver — plus de 12 millions d’entre eux (soit presque 20 % de la population) étaient déjà en situation de précarité énergétique il y a un an.


Des milliards pour les actionnaires


Ces profits, TotalÉnergies les utilise pour récompenser ses actionnaires (156 milliards d’euros en 2023), mais aussi pour investir dans de nouvelles infrastructures fossiles, à l’encontre de toutes les recommandations scientifiques. Voyez le terminal méthanier du Havre ou le projet d’oléoduc en Afrique de l’Est, le East Africa Crude Oil Pipeline.


Par ces actions, la multinationale nous entraîne toujours plus vite vers le chaos climatique. D’après Greenpeace, elle est impliquée dans 33 « bombes climatiques » qui pourraient être responsables de l’émission de plus de 93 milliards de tonnes de CO₂. C’est plus que « les émissions cumulées d’un pays comme le Royaume-Uni sur la période 1850-2021 ».


D’après des calculs effectués par Oxfam France, une taxe ambitieuse à 40 % sur les superprofits des 120 plus grosses entreprises françaises aurait pu lever 12 milliards d’euros en 2022, dont près de 2 milliards rien qu’à partir des 13 milliards de superprofits de TotalÉnergies. L’année dernière, l’Alliance écologique et sociale estimait quant à elle que cette taxe pourrait rapporter 10 à 20 milliards d’euros, soit le financement de la rénovation thermique jusqu’à 1 million de foyers. Malgré cela, le gouvernement refuse toujours de s’attaquer aux superprofits.


« Une goutte d’eau »

À l’échelle globale, les chiffres sont encore plus parlants : toujours selon Oxfam, les 722 plus grandes entreprises mondiales auraient engrangé 2 100 milliards de dollars de superprofits en 2021 et 2022. À comparer avec la « contribution exceptionnelle » européenne sur les superprofits des énergéticiens, qui se monterait en France à seulement 200 millions d’euros, « une goutte d’eau », insiste l’association.


Chaque jour, nous sommes témoins de la gravité de la crise climatique. Les scientifiques sont de plus en plus alarmistes, et notent que la température moyenne atteinte en juillet pourrait être la plus chaude depuis 100 000 ans. En tout, sur les 35 signaux vitaux de la planète identifiés par une équipe internationale de chercheurs, 20 atteignent des niveaux records.


Des actions du Népal au Kenya


Pourtant, d’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), les derniers engagements climatiques des États restent insuffisants et nous mènent à une hausse de température de 2,8 degrés, scénario largement incompatible avec le maintien des conditions d’habitabilité de notre planète. L’objectif qui doit nous guider est celui de l’Accord de Paris : limiter le réchauffement planétaire à un niveau bien en dessous de + 2 °C, et poursuivre les efforts pour le limiter à + 1,5 °C.


Avec Power Up, nous voulons demander aux gouvernements du monde entier d’accélérer la mise en place de solutions climatiques réellement ambitieuses et équitables. En plus des actions à Paris, Strasbourg, Marseille, Rouen et ailleurs en France, plus de 200 autres sont planifiées dans le monde entier. Au Népal, par exemple, on pourra voir une installation artistique figurant un poumon représentant l’impact des énergies fossiles sur la santé ; au Kenya, participer à une manifestation défendant les bateaux traditionnels contre une centrale à charbon.



Les signataires :


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Les 3 et 4 novembre 2023, nous étions des centaines à nous mobiliser autour de l'action #PowerUp en France et Belgique et à exiger que nos dirigeants nous donnent enfin les moyens de la transition en taxant les grands pollueurs.


À Paris, la parade lumineuse en vélo, rollers et skateboard a rallié le siège de TotalÉnergies à la place Vauban, proche de l’Assemblée nationale, à Paris.


Nous continuons notre mobilisation pour demander de faire que les principaux responsables de la double crise climatique et sociale qu’ils ont largement participé a causer.


Pour information, en 2022, TotalEnergies a généré plus de 20 milliards d’euros. Cette somme aurait pu permettre de développer des énergies propres partout en Ouganda, Tanzanie, où Total prévoit de créer son projet EACOP.



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